LAMIFA

Interview extrait du RADIKAL n°6

Comment s'est fait la rencontre avec Jimmy Jay votre producteur ?
A ce moment là, il bosait avec MC Solar, Démocrate D, Ménélik et il préparait la Cool Cession 2, il a écouté un morceau que Ricardo avait posé sur une mix tape de Cut Killer, la première avec Les Sages Po et pas mal d'autres groupes, il a bien aimé, là dessus il nous a proposé de faire un morceau "Jusqu'au Bout De La Nuit", puis on a préparé l'album et on a enchaîné.

Au niveau du mixage et du son, c'est vous qui avez tout contrôlé ?
Non , au niveau du son, il y avait DJ Seek, le Cerveau, respect au Cerveau, Z'DAR au mixage, et masteriser chez Absolute Audio à New-York.

Pourquoi New-York ?
Disons qu'en France, c'est pas pareil, je ne dis pas qu'il n'y a pas de bons mixeurs, -il y en a -, non, le truc, c'est plus une question de moyen, surtout pour les prods' indépendantes, où on essaye d'abord de trouver dans nos relations, un mixeur qui va nous sortir un bon son. Une chose est sûre, c'est qu'il existe une culture musicale très récente en France, et ça se ressent pour les ingénieurs du son, il faut combler les années de retards, non pas que nous avons quelque chose à envier aux américains, mais disons qu'on doit progresser et là dessus c'est sûr nous rentrons dans un deuxieme souffle. Il faut nettoyer les ingénieurs du son trop habituer à mixerdu Rock, ils ne sentent pas le Vibe du Rap.

C'est pas trop radical si on fait le théorème suivant: Hip Hop + culture Ragga = Lamifa ?
La musique inspire de la force à nos âme, donc tous est lié. On a un parcours de musicien, depuis la fin des années soixante dix, nous avons puisé dans notre héritage : soul, funk, groove, roots. Lamifa, aujourd'hui c'est l'aboutissement de tout ce travail, avec des traces de ce qu'on a vécu. On ne peut pas cloisonner les genres, le son fusionne, il vit, il est en perpetuel recherche. Avant de rencontrer Jimmy Jay on programmait depuis longtemps, avec les Refrés Chefa, on rapait, chacun apportant sa trace, sans penser technique, sans se dire - tient si on mixe Hip Hop + Ragga ça pourrait donner un bon truc -, ça vient avec le flow, et travailler avec Jimmy Jay et son équipe ça nous donne une base solide pour aller toujours plus loin.

Le Hip Hop vibre de plus en plus en province ?
Oui ! Et on n'a pas assez de contact avec la province, ça nous manque parce que les gens en provinces, en veulent plus, y'a beaucoup plus la notion de fête, ici on dirait que c'est une mode d'être blazé, la fraîcheur de décovrir semble avoir disparu, on dirait même qu'ils sont là juste pour nous critiquer. Certes c'est un façon de se protéger mais faudrait qu'ils se laissent un peu aller dans l'ambiance ! On revient d'un concert à Nancy et le public ... c'était la folie ! On avait envie de lui donner, parce qu'il savait recvoir !

Il y a des tournées prévues pour 1997 ?
A partit du 24 janvier ça démarre à Nanterre, on enchaîne sur le Printemps de Bourges, on voudrait aussi tourner dans des coins perdus en Europe, communiquer le Hip Hop le plus possible ! Réveiller un peu les consciences ! Déjà en France y a du boulot ! Ici la jeunesse n'est pas aimée, les jeunes font peur, on voudrait même les oublier, leur donner de temps à autre en truc en patûre, histoire de calmer le jeu ... Ce sont les vieux qui ont le pouvoir. Et le Hip Hop c'est quoi ? Ce sont des jeunes qui on avant tout, des choses à dire, qui racontent dans l'urgence, leur vie de tous les jours. Ces vieux qui ont le pouvoir ça leur fait peur, peur pour leur égo. C'est l'égo qui bouffe l'homme. Le Hip Hop en France, y a tout à faire.

Un nouvel album en vue ?
On travaille ! On est en train de continuer le combat !

Le combat jamais ne s'arrête !

Veronik. M.

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